Page:Renan - Vie de Jesus, edition revue, 1895.djvu/357

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il montre pour eux une grande indulgence ; parfois il affecte de fonder sur eux plus d’espoir que sur les juifs[1]. Le royaume de Dieu leur sera transféré. « Quand un propriétaire est mécontent de ceux à qui il a loué sa vigne, que fait-il ? Il la loue à d’autres, qui lui rapportent de bons fruits[2]. » Jésus devait tenir d’autant plus à cette idée que la conversion des gentils était, selon les idées juives, un des signes les plus certains de la venue du Messie[3]. Dans son royaume de Dieu, il fait asseoir au festin, à côté d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, des hommes venus des quatre vents du ciel, tandis que les héritiers légitimes du royaume sont repoussés[4]. Souvent, il est vrai, on croit trouver dans les ordres qu’il donne à ses disciples une tendance toute contraire : il semble leur recommander de ne prêcher le salut qu’aux seuls juifs orthodoxes[5] ; il parle des païens d’une manière conforme aux préjugés des juifs[6]. Mais il

  1. Matth., viii, 5 et suiv. ; xv, 22 et suiv. ; Marc, vii, 25 et suiv. ; Luc, iv, 25 et suiv.
  2. Matth., xxi, 41 ; Marc, xii, 9 ; Luc, xx, 16.
  3. Is., ii, 2 et suiv. ; lx ; Amos, ix, 11 et suiv. ; Jérém., iii, 17 ; Malach., i, 11 ; Tobie, xiii, 13 et suiv. ; Orac. sibyl., III, 715 et suiv. Comp. Matth., xxiv, 14 ; Act., xv, 15 et suiv.
  4. Matth., viii, 11-12 ; xxi, 33 et suiv. ; xxii, 1 et suiv.
  5. Ibid., vii, 6 ; x, 5-6 ; xv, 24 ; xxi, 43.
  6. Matth., v, 46 et suiv. ; vi, 7, 32 ; xviii, 17 ; Luc, vi, 32 et suiv. ; xii, 30