Page:Renan - Vie de Jesus, edition revue, 1895.djvu/369

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que ses partisans imaginèrent pour prouver sa descendance royale[1] ? Sut-il quelque chose des légendes inventées pour le faire naître à Bethléhem[2], et en particulier du tour par lequel on rattacha son origine bethléhémite au recensement qui eut lieu par l’ordre du légat impérial Quirinius[3] ? On l’ignore. L’inexactitude et les contradictions des généalogies[4] portent à croire qu’elles furent le résultat d’un travail populaire s’opérant sur divers points, et qu’aucune d’elles ne fut sanctionnée par Jésus[5]. Jamais il ne se désigne de sa propre bouche comme fils de David. Ses disciples, bien moins éclairés que lui, enchérissaient parfois sur ce qu’il disait de lui-même ; le

  1. Matth., i, 1 et suiv. ; Luc, iii, 23 et suiv.
  2. Il est remarquable, du reste, qu’il y avait un Bethléhem à trois ou quatre lieues de Nazareth. Josué, xix, 15 ; carte de Van de Velde.
  3. Matth., ii, 1 et suiv. ; Luc, ii, 1 et suiv.
  4. Les deux généalogies sont tout à fait discordantes entre elles et peu conformes aux listes de l’Ancien Testament. Le récit de Luc sur le recensement de Quirinius implique un anachronisme. Voir ci-dessus, p. 20, 21, note. Il est naturel, du reste, que la légende se soit emparée de cette circonstance. Les recensements frappaient beaucoup les Juifs, bouleversaient leurs idées étroites, et l’on s’en souvenait longtemps. Cf. Act., v, 37.
  5. Jules Africain (dans Eusèbe, H. E., I, 7) suppose que ce furent les parents de Jésus qui, réfugiés en Batanée, essayèrent de recomposer les généalogies.