Page:Renan - Vie de Jesus, edition revue, 1895.djvu/525

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des sergents du temple, armés de bâtons, sorte de brigade de police qu’on avait laissée aux prêtres ; ils étaient soutenus par un détachement de soldats romains avec leurs épées ; le mandat d’arrestation émanait du grand prêtre et du sanhédrin[1]. Judas, connaissant les habitudes de Jésus, avait indiqué cet endroit comme celui où on pouvait le surprendre avec le plus de facilité. Judas, selon l’unanime tradition des premiers temps, accompagnait lui-même l’escouade[2], et même, selon quelques-uns[3], il aurait poussé l’odieux jusqu’à prendre pour signe de sa trahison un baiser. Quoi qu’il en soit de cette circonstance, il est certain qu’il y eut un commencement de résistance de la part des disciples[4]. Pierre, dit-on[5], tira l’épée et blessa à l’oreille un des serviteurs du grand prêtre nommé Malchus. Jésus arrêta ce premier mouvement. Il se livra lui-même aux soldats. Faibles et incapables d’agir avec suite, surtout contre des autorités qui avaient tant de prestige, les disciples prirent la fuite et se dispersèrent. Seuls, Pierre

  1. Matth., xxvi, 47 ; Marc, xiv, 43 ; Jean, xviii, 3, 12.
  2. Matth., xxvi, 47 ; Marc, xiv, 43 ; Luc, xxii, 47 ; Jean, xviii, 3 ; Act., i, 16 ; I Cor., xi, 23, semble l’impliquer.
  3. C’est la tradition des synoptiques. Dans le récit du quatrième Évangile, Jésus se nomme lui-même.
  4. Les deux traditions sont d’accord sur ce point.
  5. Jean, xviii, 10.