Page:Renan - Vie de Jesus, edition revue, 1895.djvu/615

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Il semble que ce soit là chez lui un système. Mais ce qui prouve qu’un tel système, bien qu’erroné, se rattachait à des souvenirs, c’est qu’il l’appuie (v. 44) d’une parole de Jésus que les synoptiques rapportent aussi, et qui a un haut caractère d’authenticité.

§ 12. Au v. 16, rappel de la petite ville de Cana, qui ne s’expliquerait pas dans une composition artificielle et uniquement dogmatique. Puis (v. 46-54), un miracle de guérison, fort analogue à ceux qui remplissent les synoptiques, et qui répond, avec des variantes, à celui qui est raconté dans Matth., viii, 5 et suiv., et dans Luc, vii, 1 et suiv. Ceci est très-remarquable ; car ceci prouve que l’auteur n’imagine pas ses miracles à plaisir, qu’en les racontant il suit une tradition. En somme, sur les sept miracles qu’il mentionne, il n’y en a que deux (les noces de Cana et la résurrection de Lazare) dont il n’y ait pas de trace dans les synoptiques. Les cinq autres s’y retrouvent avec des différences de détail.

§ 13. Le ch. v fait un morceau à part. Ici, les procédés de l’auteur se montrent à nu. Il raconte un miracle qui est censé s’être passé à Jérusalem avec des traits de mise en scène destinés à rendre le prodige plus frappant, et il saisit cette occasion pour placer de longs discours dogmatiques et polémiques contre les Juifs. L’auteur invente-t-il le miracle ou le prend-il dans la tradition ? S’il l’invente, on doit admettre au moins qu’il avait habité Jérusalem, car il connaît bien la ville (v. 2 et suiv.). Il n’est pas question ailleurs de Bethesda ; mais, pour avoir inventé ce nom et les circonstances qui s’y rapportent, l’auteur du quatrième Évangile aurait dû savoir l’hébreu, ce que les adversaires de notre Évangile n’admettent pas. Il est plus probable qu’il prend le fond de son récit dans la tradition ; ce récit présente, en effet, de