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BUCOLIQUES

— Excusez, dit la sabotière, nous ne tenons pas le chausson. C’est l’épicière qui le débite.

Ça ne fait rien. On achètera les chaussons après et on garde leur place dans les sabots.

— Voulez-vous, dit madame, avoir l’obligeance de me prêter le tire-bouton ?

Mais le sabotier, qui s’agenouille devant elle, préfère se servir du crochet de son doigt.

Puis, à notre demande, il additionne en marge d’un vieux journal des chiffres connus de lui seul.

On entend toutes les mouches voler.

Le petit garçon cesse de remuer une boîte de clous, et, comme des danseurs gauches, les sabots s’arrêtent sur leur fil. La sabotière plisse le front tandis que son mari calcule, et elle suit le va-et-vient du crayon nain qui pique, à plusieurs reprises, le même chiffre aux lèvres du sabotier, avant de le poser sur le journal.

— Ça fait cinq francs deux sous, dit-il. Ça fera cinq francs net.