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BUCOLIQUES


attrape au vol, d’une patte les abat, et d’un coup de mâchoire les entame. Sapho, déjà essoufflée, les achève. On dirait que le chien fait à la chienne hommage de son adresse.

Ils massacrent ainsi et se gorgent, jusqu’à ce qu’un domestique, en criant, accoure avec sa fourche.

Et les voilà.

Je devine tout, et, demain matin, le fermier sera chez moi de bonne heure, et il faudra raisonner, chicaner, s’excuser, finalement payer.

Sapho se rase contre le mur : elle avoue. Pompée, plus effronté, remue la queue et regarde si, par hasard, je me doute de quelque chose et si j’ai de mauvaises intentions.

Moi ! oh ! pas le moins du monde !

Je les appelle tous deux d’une voix caressante, je retiens mes pieds et mes mains fébriles, et Pompée et Sapho me suivent, à distance, rassurés peu à peu, jusque dans l’écurie. Je ferme la porte vivement, et à nous trois !