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fantômes et fantoches

Au troisième, délicieux, exquis, ravissant.

— Les mots me font défaut, mon bon Lavaret ; c’est, voyez-vous, c’est… absolument ravissant.

Et le « bon Lavaret » s’en retourna, rouge de fièvre et d’enthousiasme, conduire le dernier acte.

Tandis que des chœurs chantaient dans la coulisse, il profita du répit et se retourna.

Mme de Fryvol ne bougeait pas. L’art sans doute la captivait, passive et subissant le charme. Son visage révélait un bien-être flagrant, et ses regards sans but devaient confusément découvrir le spectacle de la salle et de la scène.

Qui sait ? De la sorte, les fleurs lui faisaient probablement l’effet de taches multicolores, de robes claires, de costumes d’autrefois… les loges se peuplaient pour elle d’une fantasmagorie… Quelle assemblée pouvait-elle imaginer qui pût convenir aux circonstances ?

Parbleu, se dit Lavaret, je te devine, petite fantasque. Voici les Muses autour d’Apollon, et de l’autre côté, en pendant, sainte Cécile et neuf séraphins… Près de toi, Lulli accoude sa manche de satin mauve, et le chevalier Gluck étale en son fauteuil un gilet jonquille brodé d’un semis d’azur… Au parterre se dessine une légion de perruques à marteaux, bien des têtes poudrées d’où s’élancè-