Page:Renard - L’Écornifleur, Ollendorff, 1892.djvu/118

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Ainsi, ce que je redoute tourne à mon avantage. Si j’insistais, elle trouverait mon bouton joli et qu’une mouche habile l’a posé sur ma lèvre pour le plaisir des yeux. Je ne sais par quel hommage lui prouver ma gratitude, et je m’attrape une fois de plus ; je me gourmande durement, car je n’ai eu, cette nuit, à l’égard de cette femme exquise, que des pensées mauvaises.

Réhabilité, j’oublie mon bouton ; je donne un gros sou à un mendiant, en ayant l’air de lui dire, comme si je lui faisais une rente perpétuelle :

— « Tiens, mon ami, ne travaille plus, amuse-toi, vis largement ! »

Puis j’entreprends l’éloge de Monsieur Vernet et je vante son bonheur.

MADAME VERNET

À propos, j’ai reçu une lettre : il arrive demain avec notre nièce. Vous verrez Marguerite, un enfant, mais un gros enfant. À seize ans, elle est plus grande que moi. Je ne mettrais pas son corset et je ne trouve pas le bout de ses bottines. Il vous faudra jouer avec elle, vous dévouer,