Page:Renard - L’Écornifleur, Ollendorff, 1892.djvu/128

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pouvais montrer la pâleur de mon visage comme la dépouille d’un ennemi vaincu. Quant aux femmes, qui m’ont fait tant souffrir, comme vous dites, je les absous en public et solennellement.

Elles étaient innocentes de mes peines, les pauvres ! J’affirme qu’elles n’y entendaient pas malice. Si j’ai pleuré, tant pis pour moi : rien ne m’y obligeait. M’entendez-vous reprocher aux femmes de mon passé les tourments auxquels mon âme fut soumise ? N’est-ce pas moi, plutôt, qui leur dois des excuses ? Plus d’une fois, dans mes « nuits d’orgie », il m’est arrivé de me réveiller en sursaut. Quelque chose remuait sur le lit. Je saisissais et je lançais au milieu de la chambre une masse poilue qui se mettait à crier furieusement.

C’était le petit chien de « ma femme », car nous les appelons « ma femme », ces chères filles, pour jouer « à la famille » et nous donner l’air de supporter des charges.

Elle me disait :

— « Sois gentil, fais-lui une place ! »

Elle m’aimait moins que son chien. Je ne m’en sentais pas humilié. Je me collais contre