Page:Renard - L’Écornifleur, Ollendorff, 1892.djvu/194

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Si je lui disais que je ne fais rien, elle en serait froissée et me répondrait :

— « Je ne vous inspire donc pas ? »

Elle se croit aussi muse qu’une autre pour l’homme qu’elle aime.

Je frotte vivement mes mains :

— « Mâtin ! ça marche ! Encore quelques pages comme celles-ci, et je n’aurai qu’à me présenter au guichet de l’opinion publique pour toucher la gloire ! »

Elle a confiance comme moi, me baise au front, presque saintement.

MADAME VERNET

Je te laisse, mon poète : continue !

Et elle s’en va se promener — sans m’emmener.

Que c’est embêtant d’écrire ! Passe d’écrire des vers ! On peut n’en écrire qu’un à la fois. Ils se retrouvent, et à la fin du mois on joint les deux bouts. Et puis, il y a la rime qui sert de crochet pour tirer, hisse ! hisse ! jusqu’à ce que le vers se rende, se détache entier.

Passe même d’écrire une petite nouvelle !