Page:Renard - L’Écornifleur, Ollendorff, 1892.djvu/210

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en dix minutes, à trois heures du matin, avant de me coucher. C’est la nuit que je travaille le mieux. Il m’en vient quand je dors. Je me lève, j’allume ma bougie, je mets mes vers sur un bout de papier, et je me recouche. Je me suis relevé jusqu’à dix fois ; ma descente de lit était couverte d’allumettes.

Ceux-ci, je les ai composés sous un arbre, par une pluie battante. Mon calepin était trempé. Mon crayon se délayait, comme quand on écrit avec une plume sur du papier buvard.

Ceux-là ? je ne peux pas vous dire…

MADAME VERNET

Pourquoi ? pourquoi ?

HENRI

Je les ai tracés sur le dos d’une femme, oui, pendant qu’elle remettait sa jarretière. C’était un pari. J’ai gagné. Il y en a douze. Vous pouvez compter. J’en ai fait de plus mauvais.

MADAME VERNET

Quel était l’enjeu ?