Page:Renard - L’Écornifleur, Ollendorff, 1892.djvu/78

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son index dans l’horizon, et ne dit que ces deux mots :

— « La mer ! »

Je regarde, ému du trouble de mon amie, indigné de ne rien voir. Devant nous se dresse le Fort de la Terreur, aujourd’hui inutile, mais d’aspect rude encore, vénérable au bout de sa digue comme un grand principe longtemps en cours, dont on ne se sert plus. Entre lui et nous s’étale une sorte de bas-fond noirâtre comme un étang vide. Au-delà, par-dessus la digue blanche, tout au bord du ciel pur, le regard, en visant bien, peut s’accrocher à quelque chose qu’on prend indifféremment pour une série de rochers, une troupe de moutons, une file de nuages !

C’est ça !

MADAME VERNET

Elle est basse, en ce moment !

Elle dit cette phrase comme une excuse, contrariée parce que la mer s’est retirée à notre approche. Son éloignement la peine ainsi qu’une injure personnelle.