Page:Renard - La Bigote.djvu/14

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MADAME LEPIC.

N’est-ce pas, Henriette ? Mieux vaut maison bien tenue qu’église bien remplie.

FÉLIX.

Ne fais pas dire de blagues à ma sœur! Ça te regarde, maman ! En ce qui me regarde, moi, tu sais bien que je ne vais plus à la messe depuis l’âge de raison, ce n’est pas pour aller aux vêpres.

MADAME LEPIC.

On le regrette. Tout le monde, ce matin, me demandait de tes nouvelles, et il y avait beaucoup de monde. L’église était pleine. J’ai même cru que notre pain bénit ne suffirait pas.

FÉLIX.

Ils n’avaient donc pas mangé depuis huit jours ? Ah ! ils le dévorent, notre pain ! Prends garde !

MADAME LEPIC.

J’offre quand c’est mon tour, par politesse ! Je ne veux pas qu’on me montre au doigt ! Oh ! sois tranquille, je connais les soucis de M. Lepic, je sais quel mal il a à gagner notre argent. Je n’offre pas de la brioche, comme le château. Ah ! si nous étions millionnaires ! C’est si bon de donner !

FÉLIX.

Au curé… Tu ferais de son église un restaurant. Il y a déjà une petite buvette !