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la maître de la lumière

Luc de Certeuil n’avait pas encore repéré que, dans la foule, Charles et les deux femmes formaient un groupe.

— Comment ! s’exclama-t-il avec stupéfaction. Vous vous connaissez ! Ça, alors ! Ça, alors !

Et il laissait voir un amusement prodigieux, tandis que les serrements de main, les inclinations, les amabilités s’échangeaient de part et d’autre.

Rita, peu bruyante, souriait sans gaîté.

— Tiendrons-nous tous les cinq dans votre voiture ? demanda l’oncle à Luc de Certeuil. Si j’avais su, j’aurais pris la mienne…

— Ne vous inquiétez pas ! fit distraitement le sportsman, qui n’était pas encore revenu de son étonnement. Mon tacot en a vu d’autres ! On sera un peu comprimé, derrière, et voilà tout. Vous monterez devant, monsieur, près de moi.

Il avait pris familièrement le bras de Charles, et, cependant que tous se dirigeaient vers les voitures :

— Mais quelle bonne surprise, Christiani ! Quelle gentille idée ! Vous ne pouviez pas me faire plus de plaisir ! Alors, si je comprends bien, vous aussi vous avez raté le bateau à l’île d’Aix ! C’est tordant !…

Charles n’aima pas beaucoup la grimace joyeuse qui accompagnait l’appréciation de Luc. Rita marchait à côté d’eux ; il voulut interroger le visage de la jeune fille, mais ne rencontra qu’un masque au sourire impénétrable. D’ailleurs, en cette aventure, l’opinion de Luc de Certeuil lui était, au fond, totalement indifférente.

— J’espère, reprit celui-ci que vous avez apporté votre raquette ? Où sont vos bagages ?

On allait les oublier. Il y fut pourvu. Pendant quoi, Charles expliqua qu’il ne ferait à Saint-Trojan qu’un séjour rapide, quatre ou cinq jours au maximum.

— Bah ! Nous verrons ! affirma Luc de Certeuil, qui avait recouvré toute sa désinvolture. Il ne faut jamais jurer de rien !

En fait, le voyageur songeait à prolonger son voyage. Somme toute, il était libre ! Rien ne le rappelait impérativement à Paris. Il y avait bien cette histoire du château de Silaz et la promesse qu’il avait faite à sa