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L’HOMME AU CORPS SUBTIL

Quand il eut fini son histoire, ma femme et moi nous le regardâmes sans comprendre, et nous l’écoutions gémir désespérément :

— J’ai tué quelqu’un ! Moi, j’ai tué ! voulant le faire !… J’ai fait exprès de tuer un enfant… peut-être une femme ! Je suis un homicide ! Ah ! Sambreuil, quelle horreur, n’est-ce pas !

— Hé… c’est que… je ne saisis pas trop ce qui est arrivé…

Bouvancourt me fixa d’un œil dur et presque méprisant :

— J’avais plus d’estime pour votre savoir et votre pénétration.

Je repris :

— Hem ! certes, je vois bien que Morand a traversé le parquet. Mais pourquoi ? puisque vous, quelques jours plus tôt… Ah ! j’y suis : vous l’avez trompé ! L’opération n’était pas celle…

— Taisez-vous ! Je n’ai trompé personne. Je l’ai subtilisé, comme il était convenu.