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LA GLOIRE DU COMACCHIO

— « Qu’est-ce que c’est, Felipe ? » cria l’un d’eux.

— « Quelqu’un du Palais. »

— « Messer Cesare Bordone ? » interrogea le camérier.

— « Moi ! »

Courtaud, râblé, la jambe athlétique sous le maillot poudré de plâtre, Cesare sauta de la charpente, et resta non sans orgueil dans un rayon d’éblouissement qui fendait la clarté douce. Sa laideur superbe apparut, exposée. Il offrait à la lumière un visage bilieux, criblé par la petite vérole. Ses cheveux courts grisonnaient, comme sa barbe rare traversée d’une cicatrice. Le profil et l’œil étaient ceux d’un aigle. Sa chemise bâillait sur une toison. Des bras velus et musculeux sortaient des manches retroussées. Il avait gardé sa tenaille à la main.

— « Messer, » commença l’envoyé, d’un ton froid, « Son Altesse… »

— « Silence, là-haut ! »

Les apprentis, faisant relâche, regardaient la figure pincée du visiteur.

— « Messer, » reprit-il, « Son Altesse m’a