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UN GENTILHOMME PHYSICIEN

phane retour de Coblentz, où il y a chance qu’il ait fréquenté Ludovic de la Commandière, qui est à l’auteur de ces lignes ce que Théophane est à Savinien d’Outremort.

Celui-ci, même adolescent, n’aurait pu vous conter tout cela sans amertume. Sa voix tremblait de colère au récit de l’exécution de l’ambassadeur et de la chanoinesse. La rêverie occupait de ses heures plus qu’il n’eût fallu, et dans sa rêverie la déchéance des siens, l’hostilité de la canaille contre les châtelains successifs d’Outremort tenaient trop de place.

Cette obsession, toutefois, lui resta secondaire un assez long temps, et l’amour de la science l’emporta sur un tel souci dans les pensées de M. d’Outremort jusqu’au jour que son père, le marquis Fulbert, expira.

Le marquis Fulbert ! Il n’avait jamais été que louvetier, en tout et pour tout. Mais il le fut — passez-moi le tour — au maximum. J’évoque aisément sa dégaine de hobereau solide, fruste et bougon, toujours guêtré de cuir et de crotte, toujours sentant la poudre, la plume et le poil. Rien ne l’amusait, que la