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Poil de Carotte

boit presque tout à lui seul, car M. Lepic, que la chasse grise, oublie d’en demander.

— Une goutte, papa ?

Le vent n’apporte qu’un bruit de refus. Poil de Carotte avale la goutte qu’il offrait, vide le flacon, et la tête tournante, repart à la poursuite de son père. Soudain, il s’arrête, enfonce un doigt au creux de son oreille, l’agite vivement, le retire, puis feint d’écouter, et il crie à M. Lepic :

— Tu sais, papa, je crois que j’ai une mouche dans l’oreille.

Monsieur Lepic

Ôte-la, mon garçon.

Poil de Carotte

Elle y est trop avant, je ne peux pas la toucher. Je l’entends qu’elle bourdonne.

Monsieur Lepic

Laisse-la mourir toute seule.

Poil de Carotte

Mais si elle pondait, papa, si elle faisait son nid ?