Aller au contenu

Page:Rennell - Description historique et géographique de l’Indostan, tome 3, 1800.djvu/307

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

leurs mains conservent les traces du sang qu’ils ont versé, c’est pour eux un honneur de plus. Le massacre est toujours suivi d’un repas, pendant lequel ils mettent une partie de ce qu’ils mangent dans la bouche des têtes qu’ils ont coupées, en disant : — « Mange ; éteins ta soif ; appaise ta faim. De même que tu es tombée sous ma main, puissent tes parens être égorgés par mes parens ! »

Ce festin se répète une seconde fois dans le cours de l’expédition ; et tous les jours, ou au moins de deux jours l’un, ceux qui en font partie envoient à leurs familles des informations sur ce qui leur arrive. Toutes les fois que quelqu’un d’entr’eux annonce qu’il a coupé la tête d’un ennemi, les gens de sa famille, de quelqu’âge et de quelque sexe qu’ils soient, témoignent la plus grande satisfaction ; ils se font une coëffure avec des cordons rouges et noirs, se parent de tout ce qu’ils ont de plus précieux, et prennent quelques grands vases de liqueur fermentée, avec lesquels ils vont au-devant du vainqueur. Pendant cette marche, ils soufflent dans de grands coquillages, frappent des plaques de métal, et font retentir quelques autres grossiers instrumens de musique.