Page:Renouvier - Les Dilemmes de la métaphysique pure, 1901.djvu/103

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et la transitivité des causes avaient fourni jusque-là des semblants d’explication. Les trois premiers de ces philosophes avaient vu en Dieu ce lien ; et Leibniz, joignant à l’ordre divin, comme raison universelle, les lois constitutives de la création qui sont l’unique fondement intelligible de toutes les connexions dont la métaphysique réaliste demandait l’explication aux formes substantielles et aux causes transitives, Leibniz s’est servi du terme de substance pour désigner l’être permanent. Mais ce terme n’avait pour lui que la signification logique de synthèse de qualités ; c’était le nom du sujet défini par des rapports internes, avec la conscience de ces rapports. La Relation, la connaissance des relations obtenue à des degrés divers par les êtres, qui sont eux-mêmes des fonctions, donnaient dès ce moment la définition de l’univers au point de vue de son intelligibilité. Mais cette doctrine ne fut pas comprise. Le progrès des sciences expérimentales a conduit plus tard la philosophie des sciences à un résultat analogue, c’est-à-dire à reconnaître que l’objet accessible à la découverte par les méthodes scientifiques est tout entier dans la connaissance des phénomènes et des lois des phénomènes. Cette formule, adoptée par Auguste Comte, était le résultat des analyses de l’école empiriste et des progrès de l’esprit scientifique, et elle était exacte, mais ne justifiait pas le positivisme dans son abandon systématique de la psychologie et de la critique de la connaissance.

Les physiciens et les biologistes pouvaient constater que nulle recherche, depuis que la méthode, fixée par quelques hommes de génie, était appliquée par un nombre toujours croissant de leurs disciples de toute nation, n’avait conduit à rien de plus qu’à lier des pro-