Page:Renouvier - Les Dilemmes de la métaphysique pure, 1901.djvu/279

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laquelle il arrive, car, s’il est vrai que le déterminisme, par le procès sans fin des effets et des causes, implique l’infini, il est vrai aussi que le concept du nombre infini réalisé est contradictoire en lui-même. L’ensemble des propositions de l’antithèse se formule donc en opposition avec le principe de contradiction, c’est-à-dire avec la relation constitutive de la catégorie de quantité et, d’une manière générale, avec le principe de relativité dont cette catégorie est l’une des applications essentielles.

L’ensemble des propositions de la thèse se formule, au contraire, dans le système dont le point de départ est l’indéterminisme, par l’affirmation des relations en leur multiplicité, leurs déterminations diverses et leurs changements en tant que vrais éléments des phénomènes et de la connaissance des phénomènes, et par la négation de l’absolu, c’est-à-dire de la chaîne invariable, indissoluble des choses sans aucun point d’attache hors de leur solidarité interne. L’indéterminisme ne signifie ici, quelle que soit la source des causes, que le terme contradictoire du déterminisme absolu, la possibilité de déterminations phénoménales qui ne dépendent pas entièrement, ou comme parties inséparables, de l’ordre actuel et de ses antécédents ; mais la liberté de la personne, est, en son exercice, tel qu’il est représenté dans la conscience, le mode capital de l’indéterminisme, en sa synthèse avec les motifs de détermination d’origine intellectuelle.

Les phénomènes qui sont des effets de cette liberté sont représentés, avant l’acte, en des relations ambiguës, et la conscience du libre arbitre est précisément la conscience des possibles, nés de cette ambiguïté, et considérés comme réels : réels, non pas en leur simple