Page:Renouvier - Les Dilemmes de la métaphysique pure, 1901.djvu/71

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le principe dirigeant, ce dernier avec des attributs que le langage des Cléanthe, des Épictète et des Marc-Aurèle feraient prendre pour ceux d’une personne, ce qui pourtant n’est guère possible. La cosmogonie stoïcienne est une histoire de la production et des transformations des éléments au sein du Feu artiste. L’éther lumineux, source des astres, procède de la même matière première ; la nature vivante et les âmes sont des combinaisons des quatre éléments sous l’action du Logos séminal inhérent à la Substance. Les âmes plus ou moins durables, mais mortelles, sont ramenées par la Raison et le Destin au point d’unité où tout finit et recommence. L’ordre universel est parfait, les séparations et les oppositions des choses successives, d’où procèdent grâce à leur comparaison le bien et le mal, sont la seule cause d’une imperfection apparente.

Le Logos séminal, le nom de divine Providence donné au Destin, l’optimisme imposé par la forte volonté du stoïcien au jugement qu’il doit porter sur l’œuvre du Feu artiste expliquent le succès, auprès de l’esprit hellénique, de cette doctrine rivale de l’épicurisme, à une époque où l’école de Platon semblait finir dans le scepticisme, et où l’école d’Aristote était représentée par Straton de Lampsaque, successeur de Théophraste. C’est cependant une théorie de la Substance, aussi, que la physique de Straton, mais de celles qu’on a qualifiées de matérialistes. Une Nature dénuée de sentiment, où tout se fait par des poids et des mouvements, et qu’on désigne comme le principe de la génération et du changement, sans aucune hypothèse atomistique, ne laisse pas d’être une Nature qui fait tout. Straton ne lui voyait, prise en son entier, d’antécédent concevable que le hasard (τύχη) ce qui vou-