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Page:Restif de la Bretonne - Le pornographe, 1770.djvu/372

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mouillés de larmes, collés ſur la terre ; ſon père l’embraſſe — O ma chère enfant, s’écrie-t-il, tu me vois, & tu pleures — ! Lucile avait une Lettre toute prête ; elle la donne à l’auteur de ſes jours : le vieillard lit : on le voit pâlir : ſes genoux ſe dérobent ſous lui ; il tombe… Il venait de tout apprendre ; ce fut l’arrêt de ſa mort : quelques jours après, on le mit au cercueil. Lucile, inſtruite de ce funeſte accident, demande à ſortir : elle veut, dit-elle, embraſſer ſon père encore une fois, même après l’avoir perdu. On accorde cette ſatisfaction à ſes larmes, à ſes cris. Elle arrive ; ſe précipite ſur le cadavre inanimé : — O vous que j’aimai ſi tendrement, & que j’ai poignardé, s’écrie-t-elle, mon père, recevez-moi dans votre ſein… Soit qu’elle eût pris un dangereux breuvage, ou que sa ſeule douleur fut aſſez forte, elle ſe courbe ſur le corps de ſon père ; elle y demeure : on l’y laiſſe quelque tems. Enfin on veut l’en arracher ; elle ne reſpire plus… O Loix ! le ſeul coupable eſt encore heureux !

FIN.