Page:Restif de la Bretonne - Mes inscripcions, éd. Cottin, 1889.djvu/100

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pas[1] ! » s’écrie-t-il, quand il vient de commettre quelque sottise, d’agir en homme « turpin et vil ». Nous aurons à revenir sur son habitude, vraiment comique, de déclamer, d’adresser des invocations à la Nature et aux Astres de l’univers.

Chaque fois qu’une de ses maîtresses meurt, le souvenir de celles qui l’ont précédée revient à sa mémoire, d’où les énumérations fastidieuses de Monsieur Nicolas : il rapproche leurs qualités et les confond dans le même éloge. Déjà, à Auxerre, il racontait ses aventures aux filles dont il était amoureux. Spéculer sur la curiosité féminine était un de ses moyens de séduction.

Il en aima véritablement plus d’une et en fut aimé, mais l’oubli ne tardait pas à venir : la mort de Madelon Baron ne l’affligea pas huit jours[2]. Les succès continuèrent : « Grands de la terre, s’écrie-t-il dans l’enthousiasme de ses souvenirs, dites-moi si votre jeunesse fut heureuse comme celle d’un fils de laboureur sans fortune[3] ! » L’explication qu’il en donne, peu modeste, d’ailleurs, doit être rapportée : « J’avais l’âme honnête, expansive, sentimenteuse ; de beaux yeux, les lèvres appétissantes, une figure noble et romaine… C’est à mes yeux et à mes lèvres que je devais le premier goût inspiré[4]. »

Quelque extraordinaire que pût être son tem-

  1. Monsieur Nicolas, t. X ; p. 111.
  2. ibid., t. IV, p. 187.
  3. Ibid., t. VI, p. s 1.
  4. Ibid., t. X, p. $7.