Page:Restif de la Bretonne - Mes inscripcions, éd. Cottin, 1889.djvu/102

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prix de Lucile, un de ses premiers ouvrages[1]. Humblot lui donnait vingt-cinq sous par nuit de correction d’épreuves. Une voisine, émue de pitié, lui fit une aumône de deux louis. Un autre jour, il accepta, de la « paidomane » madame Desvignes, une somme d’argent destinée à payer son aptitude génératrice. Le besoin le pousse aux expédients les plus honteux. On en voit des exemples dans l’histoire de cette Zéphyre, qu’il a, cependant, tant aimée. Il dit que la faim fut la vraie coupable, qu’il se rendait à peine compte de ce qu’il faisait ; on le voit s’éloigner de Paris pour ne point succomber de nouveau aux tentations. Il s’était un peu tard souvenu que : « les mœurs sont comme un collier de perles ; ôtez le nœud, tout défile[2]. »

L’ébruitement de ce passé devait autoriser bien des accusations. Sa femme, qui n’avait, relativement, rien à lui reprocher au point de vue des mœurs, insinua que Restif avait eu des relations incestueuses avec ses filles. Cette accusation le révolte. Il proclame que, si le fait était vrai, il l’avouerait, « pour l’instruction du genre humain ». Ayant admis la bonne foi de ses déclarations, nous n’hésitons pas à le croire. Il paraît, d’ailleurs, avoir été aussi bon père de famille que cela lui était possible : il refuse de profiter de l’égarement d’une amie de ses filles[3]. Si Marion a mal à la main, il en perd le sommeil[4]. Il cherche, dans

  1. Monsieur Nicolas, t. XIV, p. 16.
  2. ibid., t. IX, p. 28.
  3. Ibid., t. XI, p. 120.
  4. Mes Inscriptions, §§ 1064, 1069, pp. 299, 300.