Page:Restif de la Bretonne - Mes inscripcions, éd. Cottin, 1889.djvu/108

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principes laissait pourtant une part à l’imagination, dans la facture de ses romans. Il établissait d’abord sa base ou canevas. Ensuite il choisissait une Muse, c’est-à-dire une femme qui l’inspirât[1]. Ces conditions remplies, il se mettait au travail et romanisait son histoire : « Toutes les aventures que j’ai rapportées, dit-il, ont un fond vrai, mais il y fallait quelque déguisement[2]. »

Il n’applique cette méthode qu’à ses nouvelles. Les récits de sa vie « dépouillent le clinquant de la fable[3] ». Dans ce genre d’ouvrages, il ne tend qu’au rôle d’historien fidèle : « On n’a rien à demander à l’historien qu’un style simple[4]. » Tous les sacrifices, il se les impose pour rendre intéressante l’anatomie de son cœur : de même que le médecin doit, pour soigner efficacement les maladies, les avoir auparavant étudiées avec soin, de même, à son sens, l’écrivain doit avoir éprouvé les sentiments qu’il retrace[5]. On voit qu’il devance les théories professées aujourd’hui par l’école « psychologique ».

Pour dire la vérité dans ses écrits, rien ne lui coûte. C’est afin de connaître les filles entretenues que Restif se fait le protecteur de Virginie François et de Sara Debée. Il risquait de se faire assassiner par Augé en publiant

  1. Il a donné une liste de ses Muses. V. Monsieur Nicolas, t. XIV, p. 147. V. aussi t. XI, pp. 52 et 151 ; t. VIII, pp. 44 et 48.
  2. Les Contemporaines, préface.
  3. Monsieur Nicolas, introduction.
  4. Les Nuits de Paris, p. 2475.
  5. V. Mes Inscripcions, § 96, p. 38.