Page:Restif de la Bretonne - Mes inscripcions, éd. Cottin, 1889.djvu/117

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Une sylphide, une créature céleste, éthérée, avec une taille de guêpe et des pieds d’enfant, est son idéal de la femme physique ; telle il l’a représentée dans ses estampes ; telle était madame Parangon, et quand il dit d’une personne, « elle ressemblait à madame Parangon », c’est le plus bel éloge qu’il lui puisse décerner[1].

Grand déclamateur, Restif exagérait encore la manière de Rousseau. D’où son surnom de Rousseau du ruisseau, qui fait allusion à son habitude de prendre ses héros dans la classe populaire. De son temps, la déclamation était dans les mœurs. On ne voyait ni un site pittoresque, ni une femme aimée, sans adresser une invocation en règle à la Nature. Le ô et le ah ! étaient prodigués, même dans les correspondances les plus bourgeoises. Cette mode de sensibilité fait sourire aujourd’hui, et l’indignation de Restif égayé, lorsqu’il s’écrie : « vengance paternelle, quelle rosée tu es pour un cœur altéré ! » à propos de ses projets de vengeance contre le séducteur d’une de ses filles naturelles.

Ce mot rosée lui plaisait. On le retrouve dans ce passage du Paysan : « Tu as dit à ta « femme : Allez-vous-en, il y a du serein, la rosée pourrait vous faire mal…
« la rosée, c’étaient mes larmes[2] !… »

Dans une lettre à Zoé, la presqu’épouse de

  1. Il l’accordait à la marquise des Nuits et à madame de Beauharnais. (Monsieur Nicolas, t. XI, p. 155.)
  2. Il était très fier de cette phrase. V. Monsieur Nicolas, t. XI, p. i75.