Page:Restif de la Bretonne - Mes inscripcions, éd. Cottin, 1889.djvu/136

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une fonction publique à laquelle ne seraient admis que des gens éprouvés pour le patriotisme et le talent[1]. »

Ses observations sur les ouvriers ont d’autant plus d’autorité qu’elles émanent d’un enfant du peuple. C’est d’ailleurs en le fréquentant que Restif, observateur par goût et par métier, a puisé les éléments de ses prédictions du cataclysme de 1789[2].
Il écrivait, en 1780 : « Elle viendra peut-être, cette Révolution terrible où l’homme utile sentira son importance[3] ! »
Elle viendra, parce que les nobles n’ont pas compris le peuple et que, trop nombreux, ils « annoncent, comme les frelons, la destruction de la ruche ». Le moment n’est point éloigné où leur naissance ne leur tiendra plus lieu de mérite, où le sceptre changera de mains : « Voyez-vous cet esprit remuant qui se manifeste ?… Savez-vous ce que cela signifie ?… Que ce même peuple… secoûra, dans peu, toutes les salutaires entraves de la sociabilité.. Écoutez la voix d’un plébéien qui voit tout, qui vit avec le peuple, qui connaît ses plus secrètes pensées ! La fermentation existe ; elle augmente ; l’opposition entre les puissances

  1. Monsieur Nicolas, 1re édition, pp. 4445-57.
  2. Signalons le tome V des Nuits de Paris, qui contient une prédiction d’un tout autre genre : c’est un chapitre intitulé, Paris en 1888 ; et la phrase suivante de Monsieur Nicolas (page 4320, 1re édition), écrite en 1790 :
    « Il ne faut pas nous flatter. Notre révolution va nous coûter dix ans de guerre… »
  3. Les Contemporaines, nouvelle des Vingt épouses des vingt associés. V. aussi, dans le même ouvrage, t. XXVII, 2e édition, La cruelle soirée.