Page:Restif de la Bretonne - Mes inscripcions, éd. Cottin, 1889.djvu/169

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de dates : je vais les copier ici ; elles pindront la situacion de mon cœur, mieus que les plus éloquens discours. 75. 6 jun. Arctum cor indignitate. (J’ai le cœur serré en pensant à l’indignité de Sara.) J’écris les art. cxvi et cxvii de l'Anthropografe[1].
Hélas ! en cessant d’aimer Virginie, j’écrivis les Gynografes[2] !
76. Jun. Vidï lumen Virginie. (J’ai vu Virginie, qui a jeté un lampion devant mes pieds, pour me faire lever les ieus[3].)
8 jun. Quœrela cum Lavalette. Il me chercha querelle en vrai spadassin, quoiqu’avocat : mais j’étais trop ému pour être lâche. C’était le soir même que brûla l’Opéra. Il pleuvait, et la clarté de la flâme me fesait découvrir les napes d’eau dans la rue de la Haute-Borne, derrière le café Caussin, et à plus de cinq cents pas hors des boulevards. J’avais pris pour prétexte de cette visite à Sara, chés mon rival, de porter une lettre de Florimont à sa mère, car Florimont était absent.
Lavalette, qui était jalous, tâchait de savoir à quoi s’en tenir sur le compte de Sara, qu’il aurait épousée, si je n’avais pas été jalous aussi, et si j’avais pu me conduire avec

  1. L’Anthropographe, -titre primitif de l'Andrographe.
    Ce volume fait partie de la série comprise sous le nom d’Idées singulières, et renferme un projet de communauté.
    Il parut en 1782.
  2. Autre volume des Idées singulières, publié en 1777.
  3. Voir Monsieur Nicolas : « Ce fut en 1780 que, passant par la rue de la Harpe, à deux maisons au-dessus de celle Serpente, je vis tomber à mes pieds une petite terrine à lampion. Je levai les yeux : c’était Virginie… Je montai chez elle. »