Page:Restif de la Bretonne - Mes inscripcions, éd. Cottin, 1889.djvu/18

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Préface.

ils font, croyons-nous, partie du « Grand état de mes affaires » dont il est question au § 548.

Complet ou non, l’ouvrage offre un intérêt incontestable. Vainement objecterait-on qu’il rapporte certains faits déjà connus par Monsieur Nicolas : cette répétition n’en prouve, au contraire, que mieux la sincérité de l’autobiographie de Restif ; elle démontre que Monsieur Nicolas, si incroyable que paraissent ses aveux, n’est point une histoire fabriquée à plaisir, ni même « romanisée », selon l’expression de l’auteur. Il faut l’accepter comme un récit authentique peignant « un homme tout entier ». À ce point de vue, Restif fut bien fondateur de l’école naturaliste.

Quelle différence, d’ailleurs, entre cet ensemble de notes écrites pour saisir au vol une idée, garder mémoire d’un dîner, d’un malaise ou d’un rendez-vous, soulager sa colère ou adoucir son chagrin, quelle différence entre cette reproduction instantanée du fait et la narration écrite à tête reposée, avec les développements et les digressions dont l’auteur était coutumier ?

Et non seulement on y trouve la preuve de la sincérité de Monsieur Nicolas, mais on y voit bien mieux ce que Restif, au milieu de préoccupations de toutes sortes, conservait de tendresse pour ses enfants, d’énergie pour son travail, luttant contre la censure, contre la critique hostile, contre l’homme indigne que sa fille aînée avait épousé malgré lui. On ne peut voir également que là comment il trouvait, de plus, le temps de fréquenter le monde, les