Page:Restif de la Bretonne - Mes inscripcions, éd. Cottin, 1889.djvu/183

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en passant par cette rue : « Lieux enchantés qu’elle me rendit aimables, vous me l’êtes encore après que je ne l’aime plus…[1] ! » C’est que cette jouissance fut délicieuse, et que le plaisir, non la personne, me rend cette rue si agréable, que je me détourne toujours, lorsque je suis dans ces quartiers, pour y passer, et voir mes dates.
125. 1770. Cette seconde date est du 14 septembre de l’année suivante : j’avais alors les restes de ma fatale maladie du mois d’Avril : j’écrivis cette date en pleurant, le jour même que je venais de revoir Victoire, brillante, au boulevard.
126. 2 octobris, Sara infidelis apud Lavalette. (Sara infidelle, chés Lavalette.)
Mon tourmant et mon indignacion étaient d’autant plus grands, que la mère et la fille avaient feint d’être brouillées avec Lavalette. Aussi ce fut comme un coup de foudre pour moi ; il me semblait que c’était la première infidélité de Sara.
127. 9 8bris Sara impudens. (Sara impudente.)
Cette date est après la rue. Ce que je fis au boulevard, le 9 octobre, dans le café Caussin, est absolument hors de mon caractère. J’avais été, le dimanche 7, les attendre à la bivoie qui conduisait chés mon rival. J’ignorais que le

  1. Voir Monsieur Nicolas : « Quelque temps après, passant par la rue Saintonge, je vis écrit : 14 7bris felicitatem Victoire ineffabilem. Je m’écriai : « Lieux enchantés qu’elle me rendit aimables, etc. » Restif affectionnait cette phrase ; il avait coutume de la chanter : « Je l’avais mise en musique et je la chantais en répandant des larmes. Pour le couplet qu’on a vu (celui de la note précédente), je le chantais en m’éloignant… » (Nuits de Paris.)