Page:Restif de la Bretonne - Mes inscripcions, éd. Cottin, 1889.djvu/286

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tomac à la faire trouver mal ; pinçures cruelles au bras, pour la faire trémousser dans le devoir, ou plutôt la débauche conjugale ; discours infâmes tenus d’elle et sur elle, à ses amis, devant elle ; détails obscènes de ses parties les plus secrettes ; peinture grossière des ébats du monstre s’assouvissant et cherchant des rafinements de volupté de la manière la plus brutale, la plus contraire à la nature ; désespoir de l’infortunée qui veut se jeter à l’eau, et qui est retenue par Blairie, ami du monstre ; jalousie atroce de celui-ci qui, au retour d’un voyage à Melun, s’étant assouvi, et ayant ensuite gourmé sa victime qui lui reproche qu’il fait suivre les coups à ses plaisirs, lui répond : « Tu es charmée que… pour cacher que Blairie t’a… ! » Pot de chambre cassé sur les jambes, quelques jours après, parce que l’infortunée fuyait ses brutales caresses, le matin, en disant : « Jamais, jamais ! Vous ne direz plus que je couvre une faute !… » L’infortunée, toute en sang, se trouve mal, tombe, et est violée outrageusement en cet état !
Voilà, respectable magistrat, quel a été le sort de ma fille Agnès, depuis le mois d’avril 1780, jusqu’au 10 juillet 1785, qu’après avoir été menacée longtemps, si elle ne trouvait pas d’argent au monstre, elle reçut, dans le milieu du visage, un violent coup de poing, dont elle a porté les marques noires et bleues pendant deux mois[1] !

  1. Tous les détails ci-dessus se retrouvent dans la Femme infidèle et dans Ingénue Saxancour. Agnès n’avait quitté définitivement son mari qu’après ce coup de poing. Elle resta