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Mes Inscripcions.

grande ; qui a mis, sur votre vie et sur la mienne, une tache aussi grande ! Sur vous, en vous fesant donner une ordre injuste, attentatoire ! Sur moi, en me notant à la police. Moi noté ! Noté sur le mémoire d’un malheureus si effrayé de son crime qu’il a fait écrire le mémoire de la main d’un vagabond, son ami, qui l’a même signé du nom infâme d’Augé… O magistrat respectable ! Ce sont vos commis, et non vous, qui avez commis ce crime ! Vengez votre honneur et le mien[1] ! »

587. 5 Xb. Hier soir p. d’A. D. b. 5 noctè m. Ce matin, mémoire contre Augé, en réponse. Mécontent d’Agnès : elle a envoyé le chat noir de sa voisine à Blairie, qui l’a refusé. J’ai intimidé le commissionnaire, — qui doit me remettre les lettres qu’elle écrira : Berthet a fait un billet pour redemander à Blairie les livres qu’il a eus d’Agnès. Elle a apporté chés nous le chat de sa voisine. Ce caractère m’épouvante. (Heri pulcher pes parvæ Maris)[2]. Vu le Journal de Paris qui me pille

  1. 1. Ce discours ne manque point d’éloquence. Complétons les détails qu’il donne sur Augé par le précis de ses forfaits, d’après la Femme infidèle : Il vola dès son enfance ; tua son maître à danser ; fut envoyé aux Iles, d’où il déserta ; tua un homme venu chez lui demander des renseignements ; puis le prétendant d’une jeune fille qu’il faisait semblant de rechercher en mariage (il était alors en province, commis aux Aides) ; assomma la mère d’une jeune fille qu’il avait voulu déshonorer et fracassa la tête de cette dernière (il fut mis en prison pour ce fait) ; tua un prêtre d’un coup de poing ; fit mourir de chagrin sa première femme. C’est avec ce beau passé qu’il épousa mademoiselle Restif. Augé fut, parait-il, guillotiné, pendant la Révolution, comme assassin.
  2. 2. Une parente, peut-être la mère de cette jeune Mâris,