Page:Restif de la Bretonne - Mes inscripcions, éd. Cottin, 1889.djvu/464

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« Les enfants sont-ils donc de malheureux esclaves ?

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« Tel est des jeunes gens le malheureux besoin,
« Qu’il faut, pour les polir, risquer de les corrompre.

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« Ce sont les mœurs qui font la bonne compagnie.

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« Qu’une femme aisément passe pour un prodige !
« Mais c’est nous qui faisons nous-même le prestige !

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« L’honneur est donc toujours ennemi de l’amour ?
« Non, vraiment ; au contraire, il l’épouse à son tour. »

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Folio 135 bis. — « Il y en a de singulières (mœurs) dans la bourgeoisie aisée. Tout l’orgueil de nos anciens nobles si est réfugié. Ils se croient d’une toute autre excellence que le reste des hommes. J’avais cru qu’il suffisait d’être homme pour donner à un autre une grande considération qui serait bien reçue, surtout lors qu’elle est désintéressée et qu’on le doit. Je me suis trompé : il aurait fallu pour cela autant de démarches que pour m’assurer la protection d’un grand. »

Folio 136 bis. — Comparaison de l’homme et des animaux.

Folio 137. — « Je n’ai pas jugé ma comédie digne d’être représentée. — Vous la faites imprimer ? me dira-t-on. — C’est que je regarde le public comme un chapitre : chacun est bon en particulier ; réunis c’est le diable. Il faudrait que j’eusse du génie et que je réussisse… »

Folio 140. — « Fuir le mariage quand on ne peut se passer de femme, c’est libertinage. »

Folio 141. — « Mon histoire, ou les avantures très-communes d’un homme de qualité, d’un mérite assés mince et dont les talens sont très bornés, ouvrage utile aux personnes des deux sexes auxquelles la nature a donné beaucoup de désirs et peu de fortune.

Par moi-même, en vérité.

Je suis né à Saci, parmi des hommes plus brutes que leurs chiens et leurs chevaux. J’ai apris à lire à la même école. J’ai été élevé comme eux. On m’aprit, durant 18 mois, quatre mots de latin à trois lieues de ma patrie, dans un village ; cependant, si l’on voulait considérer quelle différence entre ce que je suis devenu, par les soins de la nature seule, à ce qu’ils sont, on ne songerait plus à celle qui est entre Voltaire, les Rousseau et moi. »