Page:Restif de la Bretonne - Mes inscripcions, éd. Cottin, 1889.djvu/55

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Le lendemain, plein de son souvenir, heureux des « mille marques flatteuses d’attention » qu’elle lui avait données, après le repas, pendant la lecture de sa Paysanne, il retournait sur le quai et ajoutait : « Je verrai, l’an prochain, ce qui sera résulté de cette rencontre. »

Ce qui en résulta, c’est qu’il ne la revit jamais. Elle s’était retirée dans un couvent. Il n’en a pas moins tracé d’elle un portrait enthousiaste dans L’Année des dames nationales : « La marquise de Montalemb…, dit-il[1], est une de ces femmes charmantes, destinées à embellir la société. Chéries parce qu’elles sont aimables et belles, constamment recherchées parce qu’elles sont sages, gaies, et que jamais elles ne forment ni ne font former de ces liaisons qui, tôt ou tard, exigent une rupture, on les rencontre toujours dans les mêmes maisons ; on leur voit toujours les mêmes amis dans les deux sexes. La marquise avait pourtant tout ce qu’il fallait pour faire naître une passion violente : charmes provocants de la tête aux pieds, doux sourire, bouche mignonne, belles dents, gorge adorable, la main parfaite, le bras arrondi, taille svelte, marche voluptueuse, jambe fine sans être sèche, pied souple et délicat. Joignez à cet extérieur une âme bonne et compatissante, qui lui faisait encourager la timidité. »

Réduit à se contenter du souvenir de tant de charmes et à écrire, chaque année, le 30 avril : Anniv. cænæ cum marchianâ M.n.t.l.m.b.r.t apud

  1. T. V, p. 1312.