Page:Restif de la Bretonne - Mes inscripcions, éd. Cottin, 1889.djvu/57

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immobile, occupé à réunir le moment actuel à celui de l’année précédente, pour n’en faire qu’un seul. Je m’attendris, mes larmes coulèrent, et cet attendrissement était délicieux ! Je baisai la pierre[1]… »

Or, en 1779, Restif ne connaissait pas encore la marquise. Mais laissons-le continuer :

« En revenant, je retrouvai, à la lueur du réverbère : Desperium ! Diva mulier nobis adempta, 17 septbris i. Plus loin : Silvia mortua, 29 aug. i. Plus loin : Nouvelles de la marq. Mal., 29 septbre i. Cette date est vis-à-vis la rue Bretonvilliers. J’avançais ainsi, retrouvant sur la pierre toutes les affections de mon âme pendant le malheur. Enfin, vis-à-vis le second jardin, je trouvai : Marches, recup. hod. 22 novbris i. Sacra. Je poussai un cri de joie, à la vue de cette date, qui était pour moi une véritable reconnaissance… Hô, si j’avais vu, écrite sur la pierre, la nuit de notre premier entretien, moi dans la rue, elle à son balcon ! Quels transports, en relisant cette date ! Je résolus de tout écrire, désormais, sur l’île, parce que c’était me fournir un véritable aliment de sensibilité. »

Ce passage montre avec quelle surprenante facilité notre graveur sur pierre s’exaltait toutes les fois qu’il était question de la marquise. Les inscriptions précitées ont été tracées, cela est probable, mais elles s’appliquaient à d’autres personnes, et quant à l’entretien du balcon, Restif a lui-même

  1. Nuits de Paris, p 2571