Page:Restif de la Bretonne - Mes inscripcions, éd. Cottin, 1889.djvu/59

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montre « indigné de la profanation », mais il se calme en apprenant qu’elles agissent d’après les instructions de la marquise.

Les Nuits de Paris sont presque entièrement écrites dans cet esprit de vérité relative. Seuls, les deux derniers volumes peuvent être considérés comme un journal authentique des débuts de la Révolution : l’auteur a soin de distinguer les passages où il écrit comme témoin oculaire de ceux où il raconte des faits qui lui ont été rapportés.

Il y a un peu à prendre et beaucoup à laisser, nous venons de le voir, dans les autres volumes. Mais le ton en est parfois si convaincu que les amis du Spectateur nocturne eux-mêmes s’y laissaient tromper. Grimod de la Reynière lui écrivait pour lui demander quelle dame se cachait derrière sa mystérieuse marquise. Il est vrai qu’au moment où paraissaient les Nuits, La Reynière était en exil et peu au courant des affaires de son collègue en originalité.

Tous deux s’étaient connus chez la veuve Duchesne[1], libraire, le 22 novembre 1782. La Reynière n’aurait eu garde d’oublier la date ! L’accueil affable[2] de l’auteur du Pornographe lui faisait un devoir de la retenir. De plus, particularité bizarre, Restif, ce jour-là, était entré, ou avait cru entrer dans sa quarante-huitième année, tandis que lui-même venait

  1. Contemporaines, 2e édition, t. XXIX.
  2. Le Drame de la vie, lettres de la Reynière (à l’appendice).