Page:Restif de la Bretonne - Mes inscripcions, éd. Cottin, 1889.djvu/62

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et qu’il avait été autorisé à rester couvert. L’estampe est fidèle jusqu’au scrupule.

De son côté, Restif, dont l’ingratitude n’était point le défaut, rendait à l’amphitryon amitié pour amitié, éloge pour éloge. Les Nuits ont conservé ce portrait :

« C’est l’homme le plus poli du royaume. Loin de ressembler à nos fats du jour, M. de la R…, né de parens opulens, s’est étudié à se donner toutes les vertus opposées aux travers du siècle. On est frivole : il a voulu être appliqué. On est dédaigneux, impertinent : il a voulu se montrer affable et ne considérer que le mérite personnel. Il estime et cultive avantageusement les lettres… On le croirait du siècle de chevalerie, par ses égards pour les femmes…, etc. »

Un amour contrarié aurait été le point de départ de ses singularités et de ses dissensions de famille : on l’avait empêché d’épouser une de ses cousines, Mlle Angélique de Bessy[1], dont il était passionnément épris, et qu’on se hâta de marier avec un sieur Mitoire[2]. Les folies auxquelles il se livra, la maîtresse qu’il prit[3] pour oublier sa « céleste cousine », la publication d’un mémoire satirique dirigé contre le marquis de la Salle[4], décidèrent ses parents à demander son exil. Une lettre de cachet l’en-

  1. C’est du moins le nom que lui donne Restif, dans les Françaises.
  2. V. Mes Inscriptions à la page 98, note 2.
  3. Son nom paraît avoir été de Nosoyl (anagramme de Loyson). V. pour les détails sur cette dame la page 189, note 2. Elle assistait, habillée en homme, au premier souper.
  4. V. Mes Inscriptions, p. 187, note 2.