Page:Restif de la Bretonne - Mes inscripcions, éd. Cottin, 1889.djvu/81

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le 18 mars 1799, Humboldt pouvait, envoyer à Goethe ce portrait : « Restif est petit, mais robuste et bien bâti ; son visage est frappant… Il a une tête ovale, un front haut, un grand nez aquilin, des yeux noirs, tout de flammes, aux sourcils noirs aussi, mais extraordinairement touffus et longs, si bien qu’ils descendent sur les yeux. Rien de dur ou de sauvage, cependant, dans la physionomie. Il parle beaucoup, à haute voix, et avec une véhémence emportée, une ardeur sans frein. »

Cette description ressemble bien au portrait gravé qui se trouve dans Le Drame de la vie et qui a souvent été reproduit.

A cette époque, Humboldt avait lu Monsieur Nicolas : « Humboldt ne s’est fait aucune illusion sur l’homme, mais il n’en continue pas moins de vanter, avec Schiller et avec Goethe, le Cœur humain dévoilé. C’est, pour lui, le livre le plus vrai, le plus vivant qui ait jamais existé. Ce n’est pas un livre, c’est un homme qu’on voit et qu’on entend. Si ce n’est pas une histoire, c’est encore moins une fiction ; Restif n’aurait jamais inventé tous ces récits : il n’en était pas capable… Humboldt estime, en profond psychologue, que celui qui n’a pas lu cet ouvrage ne connaîtra jamais bien le caractère français[1].

Une lettre de la Reynière montre que Lavater avait conçu une haute opinion des œuvres de Restif, qu’il comparait à l’un des romanciers les plus en vogue alors : « Le célèbre Lavater a lu plusieurs de vos ouvrages et m’a

  1. Portraits du dix-huitième siècle, par M. Jules Soury.