Page:Restif de la Bretonne - Mes inscripcions, éd. Cottin, 1889.djvu/93

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eut quarante-deux éditions à Londres et quatre en Allemagne. Or, le Paysan ne semble pas avoir été traduit en anglais, et M. Paul Lacroix n’en a compté que sept éditions, tant en France qu’à l’étranger.

Peut-être faut-il voir un système dans ces gasconnades, et la phrase suivante des Nuits : « On peut se louer soi-même par indignation contre l’injustice des autres », nous en donne-t-elle la clef. Une seule fois il avoue le péché d’orgueil, mais pour si peu de temps ! « Gâté par quelques succès qui m’avaient attiré des cajoleries, je me crus un personnage… Cette erreur ne dura que six mois[1]. »

Pour achever de juger Restif, il suffit de parcourir Monsieur Nicolas : il n’est exercice du corps où il n’ait excellé, ni qualités morales qui n’aient été siennes. A Auxerre, chacun admirait son courage ; on l’avait proclamé défenseur du beau sexe. Personne ne dansait, comme lui, l’aimable vainqueur[2]. Son agilité lui permettait de dépasser un lièvre à la course. Ses sens sont extrêmement fins, « tant pour l’ouïe que pour la vue et même pour l’attention ». La voix est « souple, avec des bas admirables et la plus grande étendue par le haut[3] ». Il inspire des passions violentes : une

  1. Monsieur Nicolas, t. 1er, p. 28. La place nous manque pour rapporter une petite aventure assez joliment racontée dans les Nuits de Paris, p. 2519, et qui contribua, dit-il, à lui inspirer de la modestie.
  2. « Espèce de danse aux beaux bras, dans le genre de celle de Vestris, de Gardel. » (Monsieur Nicolas.)
  3. Il raconte, dans Monsieur Nicolas, qu’il avait failli s’engager à l’Opéra-Comique.