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Page:Restif de la Bretonne - Monsieur Nicolas, t. 13, 1883.djvu/230

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MONSIEUR NICOLAS

trouvai dans la rue Pot-de-fer, vis-à vis une collatérale des Jésuites. Ce fut là que Florence sonna. On lui ouvrit. Elle me fit une révérence, et je la saluai. — « Avec qui es-tu donc là, Florence ? » lui dit sa mère. — « Avec un Monsieur, maman. — Prie-le d’entrer. — Pas aujourd’hui ; demain. » J’entendis cela, et je m’esquivai légèrement. Observez que j’avais quarante ans. Mais l’habitude de chercher des aventures et de faire des romans me maintenait jeune d’esprit, et la Nature ne me ridait pas… Je ne manquai point d’aller attendre la jolie polisseuse. Je la trouvai à huit heures sonnantes, et je l’accompagnai. Elle ne dit mot… Elle fut un an sans me parler… A l’an révolu, elle me dit : « Vous m’aimez, venez. » En chemin, elle me fit des questions, auxquelles je répondis d’une manière satisfaisante : je disais vrai, me contentant de taire la vérité, mon mariage. Je saluai ses parents, que je revis tous les jours. Je fis ainsi l’amour, les soirs, pendant rhiver de 77 à 78.

Après Pâques, ma Belle me pressa de conclure. Alors… bien embarrassé, je lui dis : « Vous m’aviez charmé : sij’avais ditquej’étaismarié, vousnem’auriez pas écouté. — Non ; est-ce que vous l’êtes ? — Oui ; et mal, depuis quinze ans. — Vous me trompez ! vous n’êtes pas marié… Mais vous dédaignez mes parents, qui ont été domestiques. — Que le Ciel me punisse, si je les méprise !… Je les révère, et je vous adore. Si le divorce était permis, je vous épouserais. » Florence me pressa la main. Ha !