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Page:Restif de la Bretonne - Monsieur Nicolas, t. 6, 1883.djvu/230

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1755 — MONSIEUR NICOLAS

demoiselle fit un petit cri !… — « Je n’ai pu vous l’ôter ! » dit le rusé pasteur ; « mais attendez. » Il gronda ensuite le garçon d’entrer ainsi : — « Ha ! monsieu’l’curé ! » répondit naïvement le sournois, « le lui ôicr ! vous alliez ben putôt le lui mettre !… » Cette anecdote me donna envie de me venger du curé Salomon. J’allai trouver Laurence Monin, à laquelle je dis : « Vous êtes perdue ! Nous avons chez nous à imprimer contre vous une chanson, sur votre aventure de cet hiver avec le curé Salomon. — Ha mon Dieu ! comment faire ? — Je suis le seul qui puisse la faire disparaître, en m’exposant à être renvoyé. — Ho Monsieur Nicolas ! je vous en prie, tâchez demefairece plaisir-là ! — Oui ; mais il me faut un dédommagement. — Tout ce que je possède est à vous. — Je ne veux que ce que vous avez accordé tant de fois au curé. — Jésus-Marie ! — Il le faut. D’ailleurs, depuis les vers de Breugnot, je suis amoureux de vous… » Ceci la toucha. Quelques difficultés, beaucoup d’exclamations non finies. Enfin, elle me dit : — « Allons ; je me soumettrai donc, en esprit de pénitence. » Ha ! quelle suavité ! quelle énergie !… Je lui en témoignai mon étonnement.

— « Quand on fait un sacrifice à Dieu, » répondit-elle, « il faut le faire entier… » J’eus soin de composer ce récit, et de l’envoyer à Salomon, d’une écriture inconnue…

Mes visites avaient réveillé l’attention du curé sur Rose : la mère se vit forcée de paraître sévère.