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Page:Restif de la Bretonne - Monsieur Nicolas, t. 8, 1883.djvu/180

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1759 — MONSIEUR NICOLAS

mère quels sont les premiers symptômes. Mon mari ne m’a pas encore déflorée ; mais il y a tenté : ce qui suffira pour le tranquilliser. Tous mes vœux sont remplis : car j’ai ce que je désirais, et de plus extrêmement à me louer de votre conduite, depuis nos adieux ! car je sais tout ce que vous dites. On ne saurait avoir plus de réserve, et une plus obligeante. Je vois combien vous méritez ce que j’ai fait pour vous, en vous donnant ce que j’avais de plus précieux. » Je tirai la bergamote, pour la baiser deux ou trois fois : « Je baise cela soir et matin, » lui dis-je, « en adorant celle qui me l’a donné ! — Ce sont bien mes cheveux : quand on les donne aux ouvriers, ils les changent ; je les ai tissus moi-même pour vous, quand j’ai eu pris ma résolution. — Et le collier ? » repris-je. — « C’est le collier du jour ; ce sont mes reliques. — Je l’ai reconnu. Madame, et je l’ai baisé mille fois. — Je suis richement établie, » reprit Isabelle Lefaucheux. « Je me connais ; il me fallait de l’aisance ; mais le cœur… tout le cœur aurait été pour vous… » Nous aperçûmes le mari, et nous nous tûmes… Le boucher nous rejoignit, et Ton s’en revint. Je les quittai sur le Port-Saint-Bernard, de peur de paraître trop attaché à ma belle voisine. Elle sentit ma délicatesse, et un petit coup d’œil m’en remercia. Je l’ai revue quelquefois dans la suite, jusqu’en 1766. Elle eut une fille de notre familiarité, qui épousa un architecte en 1776, et qui