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Page:Restif de la Bretonne - Monsieur Nicolas, t. 9, 1883.djvu/230

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1766 — MONSIEUR NICOLAS

elle pa rut fort embarrassée, en voyant Progrès rendre son petit bonnet de nuit crasseux et se disp poser à descendre. Elle nous regardait immobile…

— « Allons, M’am’selle ! » lui dit le Mamonei. — « Mais où donc allez-vous ? — Chez vous… nous coucher… Monsieur Nicolas sait ce qui en est ; je ne cache rien à mes amis. — Par exemple ! voilà qui est plaisant, Monsieur ! vous découvrez à Monsieur que je ne connais pas… que… — Mais, je le connais, moi ; et il n’est pas nécessaire que vous le connaissiez, vous !… Je réponds de lui. — Si Monsieur est aussi discret que vous… — Ne dirait-on pas que vous avez les préjugés d’une grisette, Mademoiselle ! une fille comme vous !… Mon ami, » me dit-il, « Mademoiselle Angélique est philosophe ; elle a un vieillard, appelé Monsieur Agnaisse, qui l’entretient ; c’était l’intendant de la feue princesse Carignan, dont Mademoi selle a été lectrice… » Angélique Tomin (a) était dans une stupéfaction impeignahîe !… — « Monsieur, » dit-elle enfin, « est-ce que les poètes ne peuvent rien taire ? — Non, Mademoiselle, des choses indifférentes. — Comment, indifférentes !… Vous dites que vous coucherez avec moi !… — Qu’est-ce que tout cela ? — Il est vrai, » dit Angélique en rougissant, « que le préjugé seul en fait un crime, et que Monsieur n’est pas… — Monsieur Nicolas ! » s’écria Progrès, « c’est

(a) Anagramme de Nimot. (N. de l’Éd.)