Page:Retinger - Le Conte fantastique dans le romantisme français, 1909.djvu/107

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heurs. L’indifférence et puis la mort de Jenny Colon jettent sur sa raison une ombre, qui s’étend de plus en plus. Les rêveries et l’élévation continuelle de sa pensée achèvent le reste. Nerval devient fou. Mais aux lueurs de sa raison qui s’éteint, il écrit encore une œuvre (Aurélie ou le Rêve et la Vie) (1840) que son suicide laisse inachevée. Cette œuvre est tout à fait étrange et (nous devons répéter le mot qui s’applique si bien à Nerval) elle est exceptionnelle. Alfred Delvau (1) la définit dans son style poétique : « c’est la Raison écrivant les Mémoires de la Folie sous sa dictée » et réellement nous ne pourrions trouver une autre définilion. Car ce n’est pas un conte fantastique, quoiqu’il y ait une abondance de visions imaginaires et de choses que nul n’a vues, ce n’est pas une rêverie philosophique, quoique la philosophie y tienne une grande place : cela rappelle parfois Y Apocalypse et les Confessions du Mangeur d’Opium de Thomas de Quincey, et les œuvres mystiques de (1) Alfred Delvau. Gérard de Nerval. Sa Vie et ses OEuvres. Bachelin, i865.