Page:Retinger - Le Conte fantastique dans le romantisme français, 1909.djvu/27

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dans ses visions des « têtes de chameaux horribles autant par leur grosseur que par leur forme, avec des oreilles démesurées » (i), des scorpions, des serpents, des monstres dégoûtants ; mais, par une description tranquille et savante, par une atmosphère étrange qu’il crée autour de son action, par l’épouvante et la frayeur qui se développent toujours en augmentant d’intensité, il obtient les mêmes effets, bien mieux qu’avec ces épouvantails hideux . Par là « il a été le grand rénovateur d’un genre qui n’avait pas varié ses formes depuis le moyen âge, même dans le Faust . Il a épuré le fantastique en le séparant du merveilleux » (2). Et chose curieuse, dans ses contes merveilleux même, il a toujours grand soin d’êlre réaliste. La plupart sont écrits sous l’influence d’une observation directe. Malgré son goût fantaisiste, il regarde et note minutieusement tout ce qui l’entoure et, par exemple, ses descriptions des cafés et des (1) Description de l’apparition du Belzébuth chez Cazotte : Le Diable amoureux.

(a) M me Arvède Barine. Les névrose’s, Paris, Hachette, p. 3, l’étude sur Hoffmann.