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I


REVUES ET JOURNAUX


Je ne sais si c'est parce que je les revois à travers le prisme du souvenir, mais les petites revues et les journaux éphémères où mûrissaient nos théories et où fleurissaient nos premiers vers m'apparaissent comme des jardins chatoyants, parfois perdus dans une brume irisée, parfois tout sonores de grands souffles lyriques dans les feuillages. Les paons et les cygnes — oiseaux très chers aux symbolistes — pavoisent les pelouses et voguent sur les bassins. Des licornes « ruant du feu » galopent dans les allées. Assis sous les bosquets, parmi des touffes sans cesse renaissantes de « grands lys, » ce ne sont que princesses « aux doigts gemmés de rubacelles » , chevaliers « aux blanches armes » élevant un astre « à la pointe altière de leur glaive », belles dames agitant un rameau d'or taché de sang, héros grecs exprimant le jus des grappes de raisin dans leur coupe ou s'équipant pour la chasse au sanglier :