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revue musicale de lyon

Ernest REYER

Il y a quelques mois, M. Ernest Reyer était triomphalement célébré à l’Opéra qui lui doit deux des œuvres les meilleures et les plus fructueuses de son répertoire. En reprenant, dans une semaine solennelle les trois succès du Maître, la Statue, Sigurd et Salammbô, M. Gailhard voulut consacrer une de nos gloires et procéder du vivant du compositeur à sa canonisation artistique. Aujourd’hui le nouveau directeur de notre Grand-Théâtre nous donnera la première représentation de Salammbô et la semaine prochaine une reprise de Sigurd. Nous ne

pouvons qu’applaudir à son intention, en nous souvenant de l’enthousiasme que provoqua en 1885, chez les jeunes l’apparition de Sigurd. On n’avait pas alors la possibilité de le comparer à son grand-frère Siegfried, et l’œuvre, telle qu’elle se présentait, brisait en certaines de ses parties le moule suranné de l’opéra ancien. Sa rudesse n’était point faite pour déplaire et l’emploi, même fatigant, de certains motifs trop souvent répétés, semblait alors une nouveauté à nos oreilles lassées des sucreries et des banalités des cavatines et des romances conventionnelles. À côté des pages où se sentait le souvenir classique de Gluck, à travers l’influence de Weber et de Berlioz, on y découvrait une sincé-