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revue musicale de lyon

hier l’Opéra ; avec Paillasse, est-ce aujourd’hui les Bouffes-du-Centre ?

Si c’est pour hospitaliser cette paillasserie en deux actes, quatre valses, huit polkas et seize romances que l’État a édifié l’immense pâté de marbre et d’or du boulevard Hausmann ; si c’est pour prodiguer artistes, décors et costumes à cette funèbre pantalonade que notre budget se saigne chaque année d’un beau million ; si enfin le « tempérament » suffit à suppléer à tout ce qui fait la noblesse de la musique : le savoir, le goût et la recherche, nous demandons qu’on élargisse le répertoire inauguré hier et qu’on accueille aux Bouffes-du-Centre les ouvrages d’Offenbach, de Leccoq et d’Audran. Grosse caisse pour grosse caisse, parade pour parade, rengaines pour rengaines, nous préférons aux noirceurs de Paillasse les franches lippées d’Orphée aux Enfers, de la Fille de Madame Augot et de la Mascotte. Elles chantent clair aussi ces partitionnettes ; les procédés d’effet y ont plus d’invention et au moins elles sont bien orchestrées. »

Nous donnerons dans un de nos prochains numéro une étude sur le Vers et la Phrase Musicale due à notre collaborateur J. Sauerwein dont le Courrier Musical a publié dans son numéro du 1er novembre, un intéressant article sur « Schopenhauer et la Musique. »

L’Express (L.). — À propos de la « Traviata » :

Verdi est mort et son œuvre est bien malade.

Voilà près de treize ans, je crois, que le Trouvère a disparu de l’affiche du Grand-Théâtre — et je me félicite d’avoir vigoureusement travaillé pour cela. — Rigoletto ne fait plus que de courtes et intermittentes apparitions et les fameuses trompettes d’Aïda ont perdu tout leur prestige aux yeux des foules depuis que les compositeurs « en ont mis partout ». Quant à la Traviata, l’infortunée poitrinaire a succombé depuis plus de sept ans environ aux suites de cette terrible maladie de langueur qui ne pardonne pas.

En somme toute cette musique s’en va. Les orgues de Barbarie eux-mêmes n’en veulent plus, lui préférant avec raison les refrains de « Poupoule » ou les enlacements voluptueux de la Valse Bleue, délices des derniers salons où l’on cause. Et, grâce aux tendances artistiques plus saines et plus relevées du public,

elle aurait définitivement disparu du répertoire, sans l’esprit de routine et le mauvais goût de la plupart des directeurs.

D’un journal quotidien de Bordeaux à propos de M. Escalaïs. « Il ne fut jamais si prodigue de ces belles notes élevées qui fendent l’air comme des obus. »

Nos Anciens Artistes

La presse de Bruxelles a été extrêmement élogieuse, comme l’était du reste l’an dernier la presse lyonnaise, pour Mme Bréjean-Silver dans Sapho de Massenet. Nous trouvons dans la Fédération Artistique de Bruxelles une appréciation peu enthousiaste, mais qui nous semble très juste, du talent de cette artiste dont nous avons toujours peu goûté la voix au médium grasseyant et très incertain : « Mme Bréjean-Silver n’a ni le physique ni la plastique désirée pour représenter avec illusion la belle Fanny, et elle n’a pas non plus le timbre de voix qu’on aimerait entendre dans ce rôle. Son talent, elle en a, est fait de longue pratique, d’acquis sérieux et aussi de ficelles. Le public s’y laisse toujours prendre, tant mieux pour celui ou celle qui sait les employer avec adresse, et en ceci Mme Bréjean excelle. »

Comme contre-partie de cette appréciation, en voici une autre au moins inattendue et qui parut récemment dans une des principales revues musicales de Paris :

« Dans Manon, l’on a entendu Mme Bréjean-Silver, adorable miniature xviiie siècle. Le public a rêvé d’une exquise figurine de Saxe qui s’animerait et chanterait divinement. »

MarseilleM. Ghasne a été refusé par la Commission. L’artiste va attaquer contre elle une action judiciaire qu’il perdra, sans aucun doute.

M. Beyle est toujours l’artiste complet que nous avons de tout temps apprécié, surtout dans Nélusko ; l’artiste est toujours le beau chanteur au timbre agréable et impeccable en tous points,