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garçon, vous avez bien gagné votre dîner ! » Arrivé sur le boulevard, Massenet se mit à pleurer. Il était tout à fait découragé. Heureusement, il n’y avait pas que des Pasdeloup dans le monde : Mme Viardot fit bientôt triompher Marie-Magdeleine à l’Odéon, et Ambroise Thomas dit au jeune maître : « Soyez content, votre ouvrage reviendra et restera ! » Enfin, Gounod lui adressa cette touchante lettre : « Mon cher ami, le triomphe d’un élu doit être une fête pour l’Eglise. Vous êtes un élu. Le ciel vous a marqué du signe de ses enfants ; je le sens à tout ce que votre belle œuvre a remué dans mon cœur. Préparez-vous au rôle de martyr, c’est celui de tout ce qui vient d’en haut, et gêne ce qui vient d’en bas. Mais ne gémissez pas, et ne soyez pas triste. Souvenez-vous que quand Dieu a dit : « Celui-c est un vase d’élection », il a ajouté : « et je lui montrerai combien il lui faudra souffrir pour mon nom ». Sur ce, mon cher ami, déployez hardiment vos ailes, et confiez-vous, sans crainte, aux régions élevées où le plomb de la terre n’atteint pas l’oiseau du ciel. – À vous de tout mon cœur. – Ch. Gounod. »

Histoire d’un ténor indispensable, – C’était au temps où Quélus était directeur du Théâtre de la Monnaie à Bruxelles. La première année de sa direction, il engagea le fameux Wicart comme ténor « seul et sans partage ». Wicart était un fantaisiste et un pensionnaire grincheux et ombrageux. Il ne consentait à chanter que si on l’avait averti de la représentation dès l’avant-veille. Et, cette condition étant observée, il ne se gênait pas pour faire savoir à son directeur, quelquefois même à l’ouverture des bureaux, que, souffrant de la gorge ou de la tête, il ne chanterait pas. Alors il fallait, dare dare, changer le programme au grand préjudice du directeur, au grand désappointement des spectateurs. Wicart étant, malgré tout, en grande faveur auprès du public. Quélus dut le rengager l’année suivante. Mais il eut soin d’engager en même temps un autre ténor — aux appointements de 1000 francs par moi – qui avait pour mission de se trouver au théâtre chaque fois que devait chanter Wicart, de se costumer et de rester pendant toute la soirée au foyer des artistes, prêt à entrer en scène. Wicart faillit, pour tout de bon, en faire une maladie. Mais le remède énergique de Quélus eut de si bons résultats, que jamais plus Wicart ne manqua une représentation. Il consentit même à chanter dans les ouvrages annoncés le matin seulement et, à la fin de la saison, le ténor supplémentaire quitta Bruxelles sans jamais avoir paru devant le public.

Le clavecin sur lequel Rossini étudia ses premières leçons de musique, que lui donnait le chanoine Joseph Malerbi, figurera à la prochaine exposition de Saint-Louis. L’authenticité de l’instrument est incontestable ; il est à présent la propriété de M. Antonio Malerbi, et son histoire a été écrite par M. Tancredi Mantovano, professeur d’esthétique et d’histoire de l’Art au Lycée de Pesaro.

BIBLIOGRAPHIE

Noël-Spectacle. – À la date du 25 décembre, notre confrère Le Spectacle a mis en vente dans les kiosques, au prix de cinquante centimes, son merveilleux Album de Noël.

Cet album comprend toute la série des photographies de nos artistes du Grand-Théâtre et des Célestins. Il est imprimé sur huit couleurs et publie en outre les six premiers sonnets de son concours. Il contient aussi des Primes de réelle valeur.

On ne saurait mieux faire que d’acheter cette brochure comme souvenir de notre saison théâtrale.

L’Album Musical se place décidément au premier rang des publications similaires ; il est vrai que chacun de ses numéros contient vingt-quatre pages de bonne musique irréprochablement gravée. Au sommaire du no  de décembre, figurent : Aubade, pour flûte et piano, de Pierné : Les Aveux, de Gaston Paulin ; Fleurs et Pensées’’, du célèbre compositeur Montmartrois Paul Delmet ; et deux valses, l’une chantée de Montagné, l’habile chef d’orchestre du Grand-Théâtre de Bordeaux, l’autre, pour piano seul, de Jean Lepatre, un jeune compositeur qui marche brillamment sur les traces de l’auteur populaire de la Valse Bleue.

L’Album Musical, 152, rue Montmartre à Paris (2e) ne coûte que 0, 60 le numéro ; un an 7 francs.

Le Propriétaire-Général : Léon Vallas.

Imp. Waltener & Cie, rue Stella, 3, Lyon.